Amarante plante toxique : Le danger est dans le pré

Vous possédez des bovins, ovins ou caprins et vous vous inquiétez des plantes toxiques dans vos pâturages ? Vous avez remarqué des amarantes dans vos fourrages et vous vous demandez si elles représentent un danger pour vos animaux ?

Vous avez raison de vous poser ces questions ! L’amarante, cette plante aux allures inoffensives, cache en réalité une toxicité redoutable pour les ruminants. Chaque année, elle provoque des intoxications parfois mortelles dans les élevages français.

Pas de panique pour autant ! Une bonne connaissance de cette adventice vous permettra de protéger efficacement votre cheptel. Vous allez découvrir comment identifier la plante, comprendre sa toxicité, reconnaître les signes d’intoxication et surtout, comment agir rapidement en cas d’urgence.

Prêt à tout savoir sur ce danger qui se cache peut-être dans vos prés ? On démarre sans plus attendre !

Qu’est-ce que l’amarante et où la trouve-t-on ?

L’amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus) constitue l’espèce la plus problématique en France. Cette plante annuelle peut atteindre 150 cm de hauteur et se reconnaît facilement à sa racine rouge caractéristique et à ses inflorescences en panicules denses.

Vous la croiserez principalement dans vos cultures de maïs, mais aussi sur les terrains vagues, les bords de chemins et tous les sols riches en matière organique. Elle apprécie particulièrement les terres bien pourvues en azote, ce qui explique sa présence fréquente dans les zones d’élevage.

Cette adventice possède une capacité de reproduction impressionnante : chaque plant peut produire entre 10 000 et 450 000 graines selon les conditions. Ces graines minuscules d’1 mm de diamètre germent tardivement en été, ce qui rend la plante particulièrement visible de juin à novembre.

Les autres espèces d’amarantes présentes en France incluent l’amarante blanche (Amaranthus albus) et l’amarante hybride (Amaranthus hybridus), mais c’est bien l’amarante réfléchie qui pose le plus de problèmes aux éleveurs par sa toxicité et sa large répartition.

La plante se développe rapidement pendant les mois d’été et atteint sa toxicité maximale pendant la floraison, soit généralement de septembre à novembre. C’est d’ailleurs durant cette période que se concentrent la plupart des cas d’intoxication rapportés par les vétérinaires.

Les principes toxiques de l’amarante

L’amarante contient deux substances particulièrement dangereuses pour vos ruminants : l’acide oxalique et les nitrates. Ces composés se concentrent principalement dans les feuilles, surtout pendant la période de floraison.

L’acide oxalique représente le principal responsable des intoxications. Les feuilles d’amarante peuvent en contenir entre 12 et 30 % de la matière sèche, soit des taux considérables. Une fois ingéré, cet acide se lie au calcium sanguin pour former des cristaux d’oxalate de calcium qui se déposent dans les reins et provoquent de graves lésions.

Les nitrates constituent le second danger. Leur concentration varie énormément selon les conditions de croissance, oscillant généralement entre 0,2 et 1,5 % de la matière sèche, mais pouvant atteindre des niveaux beaucoup plus élevés dans certaines circonstances. Ces nitrates se transforment en nitrites toxiques dans le rumen de vos animaux.

Point crucial à retenir : la toxicité persiste après le séchage. Contrairement à de nombreuses autres plantes toxiques qui perdent leur dangerosité une fois fanées, l’amarante conserve ses propriétés nocives dans le foin et l’ensilage. Cette particularité rend les intoxications possibles toute l’année.

Principe toxique Concentration dans les feuilles Effets principaux
Acide oxalique 12-30% de la matière sèche Cristaux rénaux, lésions rénales
Nitrates 0,2-1,5% de la matière sèche Formation de nitrites, problèmes respiratoires

La concentration de ces substances toxiques augmente considérablement lors de stress hydriques comme la sécheresse. Dans ces conditions, l’amarante peut devenir encore plus dangereuse pour votre bétail.

Circonstances et facteurs de risque d’intoxication

Plusieurs situations favorisent l’ingestion d’amarante par vos animaux. La contamination des ensilages de maïs représente le risque principal. L’amarante qui pousse dans les cultures de maïs se retrouve broyée et mélangée au fourrage lors de la récolte, créant un mélange toxique distribué tout au long de l’hiver.

Les périodes de sécheresse constituent un autre facteur de risque majeur. Quand l’herbe se raréfie dans les pâturages, vos animaux se rabattent sur toutes les plantes disponibles, y compris celles qu’ils éviteraient normalement. L’amarante devient alors une source alimentaire de substitution dangereuse.

Attention également aux haies taillées laissées au pâturage. Si vous entretenez vos bordures en été ou en automne et que vous laissez les déchets de taille sur place, vos animaux risquent de consommer ces résidus d’amarante concentrés en un seul endroit.

Les événements climatiques peuvent aussi rendre la plante accessible. Les vents violents, la grêle ou les inondations peuvent projeter des fragments d’amarante dans les zones normalement pâturées, créant des situations d’exposition imprévisibles.

Le surpâturage représente un facteur aggravant. Quand la pression de pâturage est trop forte, vos animaux n’ont plus le choix et consomment toutes les plantes disponibles, même les plus toxiques. Cette situation se rencontre fréquemment en fin de saison lorsque la pousse de l’herbe ralentit.

Les jeunes animaux sont particulièrement exposés car ils explorent davantage leur environnement et goûtent plus facilement les nouvelles plantes. Leur poids plus faible les rend aussi plus sensibles aux substances toxiques.

Periodes à risque élevé

Les intoxications se concentrent principalement entre septembre et novembre, période qui coïncide avec la floraison de l’amarante et sa toxicité maximale. C’est aussi le moment où la plante devient plus appétente pour les animaux car elle se charge en sucres.

La fin d’été et le début d’automne correspondent également à une période où la disponibilité fourragère diminue naturellement, poussant les animaux à diversifier leur alimentation vers des espèces qu’ils délaissent habituellement.

Signes cliniques et évolution de l’intoxication

L’intoxication à l’amarante ne se manifeste pas immédiatement. Vos animaux doivent consommer la plante pendant 4 à 10 jours consécutifs avant que les premiers symptômes n’apparaissent. Cette période de latence explique pourquoi beaucoup d’éleveurs ne font pas immédiatement le lien entre la présence d’amarante et les problèmes de santé de leur cheptel.

Les premiers signes que vous observerez incluent une prostration marquée (observée dans 19,6 % des cas selon les données du Centre National d’Informations Toxicologiques Vétérinaires). Vos animaux semblent abattus, se couchent davantage et montrent moins d’appétit.

L’ataxie (troubles de la coordination) touche 11,8 % des animaux intoxiqués. Vous remarquerez que vos bêtes titubent, ont du mal à se déplacer normalement et peuvent chuter. Les tremblements accompagnent souvent ces troubles neurologiques (7,8 % des cas).

Les troubles digestifs se manifestent par des diarrhées parfois hémorragiques. L’amarante provoque des ulcérations tout le long du tube digestif, depuis la bouche jusqu’aux intestins. Vous pouvez aussi observer une salivation excessive et des difficultés à déglutir.

La dyspnée (difficultés respiratoires) touche 7,8 % des animaux intoxiqués. Cette gêne respiratoire résulte souvent de la transformation des nitrates en nitrites, perturbant le transport de l’oxygène dans le sang.

Évolution et gravité selon les espèces

Les bovins présentent le taux de morbidité le plus élevé avec 22 % des animaux exposés qui développent des symptômes. Chez les ovins, ce taux descend à 8 %, et à seulement 4 % chez les caprins. Cette différence s’explique probablement par les habitudes alimentaires de chaque espèce.

En revanche, une fois les symptômes déclarés, le pronostic s’assombrit considérablement. La létalité atteint 37 % chez les bovins, mais grimpe à 79 % chez les ovins et 75 % chez les caprins. Les petits ruminants semblent donc mieux résister à l’intoxication initiale, mais une fois malades, leurs chances de survie diminuent drastiquement.

L’évolution se déroule généralement sur 2 à 6 jours chez les bovins une fois les premiers symptômes apparus. Sans intervention rapide, l’issue est souvent fatale. Cette rapidité d’évolution ne vous laisse que peu de temps pour agir.

Chez les ovins et les caprins, l’évolution peut être encore plus rapide, ce qui explique en partie leur taux de létalité plus élevé. La petite taille de ces animaux les rend plus sensibles aux variations de leur équilibre physiologique.

Diagnostic, traitement et pronostic

Le diagnostic de l’intoxication à l’amarante repose principalement sur l’observation clinique et l’identification de la plante dans l’alimentation de vos animaux. Votre vétérinaire recherchera la présence d’amarante dans les fourrages distribués et établira le lien avec les symptômes observés.

Les analyses de sang et d’urine peuvent révéler des cristaux d’oxalate de calcium caractéristiques de cette intoxication. Le dosage des nitrites sanguins aide aussi au diagnostic, surtout si la plante contenait des taux élevés de nitrates.

À l’autopsie, les lésions typiques incluent des hémorragies sous-cutanées et sur les séreuses, un œdème abdominal et périrénal, ainsi que des congestions et ulcérations du larynx, de la trachée, de l’estomac et des intestins. Les reins présentent une dégénérescence et une nécrose avec de nombreux cristaux d’oxalate dans les tubules.

Traitement d’urgence

Le traitement doit débuter immédiatement dès les premiers symptômes. La mesure la plus importante consiste à retirer toute source d’amarante de l’alimentation de vos animaux. Changez immédiatement de parcelle ou de fourrage et vérifiez scrupuleusement que les nouveaux aliments ne contiennent pas d’amarante.

Votre vétérinaire administrera du gluconate de calcium par voie intraveineuse pour lutter contre l’hypocalcémie provoquée par l’acide oxalique. Ce traitement doit être répété plusieurs fois selon l’évolution clinique.

La fluidothérapie (perfusions) aide à maintenir l’hydratation et à favoriser l’élimination des toxines par les reins. Des solutions glucosées soutiennent le métabolisme des animaux affaiblis.

Des hépatoprotecteurs comme l’arginine et l’acide glutamique peuvent être administrés pour soutenir la fonction hépatique. En cas de signes nerveux marqués, la xylazine peut apporter un soulagement temporaire.

Le charbon activé peut être utile s’il est donné précocement, mais son efficacité diminue rapidement une fois l’absorption digestive terminée.

Pronostic

Le pronostic dépend essentiellement de la rapidité d’intervention. Si vous parvenez à interrompre l’ingestion d’amarante dans les 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes, les chances de récupération augmentent significativement.

En cas de contamination par des taux élevés de nitrates, le pronostic devient beaucoup plus réservé. Ces intoxications évoluent très rapidement et laissent peu de temps pour un traitement efficace.

Les animaux qui survivent peuvent garder des séquelles rénales durables, affectant leurs performances à long terme. Un suivi vétérinaire régulier s’impose donc même après la guérison apparente.

Prévention et gestion en élevage

La prévention reste votre meilleure arme contre l’intoxication à l’amarante. La surveillance régulière de vos parcelles et de vos cultures vous permet de détecter rapidement la présence de la plante et d’agir en conséquence.

Lors de la récolte de maïs pour l’ensilage, inspectez soigneusement vos parcelles avant le passage de l’ensileuse. Les zones fortement infestées d’amarante doivent être évitées ou traitées séparément. N’hésitez pas à faire plusieurs passages pour éliminer les plants les plus développés avant la récolte.

La rotation des cultures contribue efficacement à réduire les populations d’amarante. Cette plante apprécie particulièrement les sols riches en azote des cultures de maïs, mais supporte mal la concurrence d’autres cultures comme les céréales d’hiver ou les prairies temporaires.

Le désherbage mécanique reste possible sur les jeunes plants, mais devient inefficace une fois la plante bien développée. Les binages répétés en début de saison peuvent considérablement réduire les populations d’amarante dans vos cultures.

Solutions phytosanitaires

Plusieurs herbicides montrent une bonne efficacité contre l’amarante. Les produits à base de glyphosate agissent bien en prélevée comme en postlevée précoce. Les herbicides sélectifs du maïs comme l’atrazine ou les sulfonylurées donnent aussi de bons résultats.

L’émergence de populations résistantes aux herbicides complique cependant la gestion de cette adventice. Une stratégie intégrée combinant plusieurs modes d’action s’avère nécessaire pour maintenir l’efficacité des traitements.

Les traitements d’automne sur les jeunes plantules qui germent après la récolte permettent de réduire le stock de graines pour l’année suivante. Cette pratique s’avère particulièrement efficace dans la lutte à long terme.

Gestion des fourrages

Contrôlez systématiquement la qualité de vos ensilages avant distribution. La présence d’amarante se reconnaît facilement aux tiges rougeâtres et aux inflorescences caractéristiques mélangées au fourrage. Comme d’autres plantes sauvages courantes telles que les orties, l’amarante peut contaminer vos récoltes fourragères si elle n’est pas maîtrisée.

En cas de doute sur la qualité d’un lot d’ensilage, faites analyser un échantillon par un laboratoire spécialisé. Le dosage des nitrates et de l’acide oxalique vous renseignera sur le niveau de risque.

Diversifiez vos sources d’approvisionnement en fourrage pour limiter les risques. L’achat de foin ou d’ensilage auprès de plusieurs fournisseurs réduit la probabilité d’une contamination massive de votre stock alimentaire.

Surveillez particulièrement vos animaux lors des changements de ration, surtout en automne et en hiver quand vous démarrez la distribution des fourrages récoltés. C’est souvent à ce moment que se révèlent les contaminations d’ensilage par l’amarante.

L’amarante dans l’alimentation humaine

Paradoxalement, l’amarante présente aussi un intérêt nutritionnel pour l’homme. Plusieurs espèces d’amarantes sont cultivées pour leurs graines riches en protéines et leurs feuilles comestibles. Cette dualité entre toxicité animale et valeur alimentaire humaine illustre bien la complexité de cette plante.

Les graines d’amarante contiennent tous les acides aminés essentiels et présentent une valeur nutritionnelle comparable au quinoa. Les feuilles jeunes se consomment cuites comme des épinards et apportent de bonnes quantités de vitamines A et C, ainsi que du fer et du calcium.

Comme pour d’autres plantes aux propriétés particulières, à l’image des bienfaits de l’herbe aux goutteux, la préparation de l’amarante nécessite des précautions. La cuisson réduit considérablement les teneurs en acide oxalique et en nitrates, rendant la plante sûre pour la consommation humaine. Il faut cependant éviter de consommer régulièrement de grandes quantités de feuilles crues.

Cette utilisation alimentaire concerne principalement des espèces sélectionnées comme Amaranthus cruentus ou Amaranthus hypochondriacus, différentes de l’amarante réfléchie toxique pour le bétail. La distinction entre espèces comestibles et toxiques reste donc cruciale.

Les variétés ornementales d’amarante cultivées dans les jardins présentent généralement moins de risques, mais il convient de rester vigilant si des animaux ont accès à ces zones cultivées.

Questions fréquentes sur l’amarante toxique

Est-ce que toutes les amarantes sont toxiques pour les animaux ?

Non, toutes les espèces d’amarante ne présentent pas la même toxicité. L’amarante réfléchie (Amaranthus retroflexus) est la plus dangereuse pour les ruminants en France. Les variétés cultivées pour l’alimentation humaine comme Amaranthus cruentus contiennent moins d’acide oxalique et de nitrates. Cependant, par précaution, évitez de faire pâturer vos animaux dans des zones où poussent des amarantes, quelle que soit l’espèce.

Comment reconnaître l’amarante dans mes fourrages ?

L’amarante se reconnaît à sa racine rouge caractéristique et à ses inflorescences en panicules denses. Dans l’ensilage, recherchez des tiges rougeâtres mélangées au maïs et des débris de fleurs verdâtres en grappes. Les feuilles sont ovales, alternées, et la plante dégage une odeur particulière quand on la froisse. En cas de doute, faites identifier la plante par votre vétérinaire ou un botaniste.

Que faire si je trouve de l’amarante dans mon ensilage ?

Arrêtez immédiatement la distribution du fourrage contaminé et changez de ration. Isolez le lot suspect et faites-le analyser par un laboratoire pour connaître les taux de nitrates et d’acide oxalique. Surveillez étroitement vos animaux pendant 10-15 jours suivant l’arrêt de distribution. Au moindre symptôme (abattement, tremblements, diarrhée), contactez votre vétérinaire en urgence.

L’amarante reste-t-elle toxique dans le foin sec ?

Oui, contrairement à beaucoup d’autres plantes toxiques, l’amarante conserve sa toxicité après séchage. L’acide oxalique et les nitrates restent actifs dans le foin et l’ensilage. Cette persistance rend l’amarante particulièrement dangereuse car elle peut provoquer des intoxications tout au long de l’année, même dans des fourrages stockés depuis plusieurs mois. La cuisson ou la fermentation ne détruisent pas non plus complètement ces substances toxiques.

Peut-on traiter l’intoxication à l’amarante naturellement ?

L’intoxication à l’amarante constitue une urgence vétérinaire qui nécessite un traitement médical rapide. Les remèdes naturels ne suffisent pas face à cette toxicité grave. Seule l’administration de gluconate de calcium par voie intraveineuse peut contrer efficacement les effets de l’acide oxalique. Comme pour d’autres empoisonnements végétaux, à l’instar de problèmes liés à certaines feuilles de séné, évitez l’automédication et contactez immédiatement un professionnel. Le temps perdu peut coûter la vie à vos animaux.

Julien

Julien

Expert en bricolage et rénovation depuis plus de 15 ans. Passionné par les projets créatifs et l'artisanat, je partage mes connaissances pour vous aider à réaliser vos rêves.

74 articles 15+ ans d'expérience Expert certifié

Articles Recommandés